Période de familiarisation en crèche : ses pleurs, pourquoi et comment les accompagner ?

 

 

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L’objet transitionnel est identifié depuis des années comme un levier de développement. Chaque jour, dans nos crèches de Rennes, Cesson-Sévigné et Melesse, nos observations nous amènent à mieux appréhender son rôle dans notre quotidien. 

 

Qu’est-ce qu’un objet transitionnel ?  

Dans les années 50, Donald Winnicott, pédiatre & psychiatre, définit l’objet transitionnel comme un objet essentiel au développement psychique de l’enfant. 

L’objet transitionnel rassure le tout-petit lors des séparations avec son parent. Il permet à l’enfant de se représenter symboliquement son parent, et particulièrement sa mère, en son absence. Il est source de lien affectif entre sa cellule familial et l’environnement extérieur. Et plus largement entre le connu et l’inconnu. 

Au fil de nos observations, nous avons pu étoffer cette définition de l’objet transitionnel et porter une vraie réflexion sur sa place en établissement d’accueil du jeune enfant. 

 

Qui choisit l’objet transitionnel ? 

Un objet transitionnel, comme non nom l’indique, est quelque chose de matériel et sensoriel qui permet à l’enfant de faire la transition entre un état psychologique et un autre, une période de la journée et une autre. 

Pour que l’objet ait du sens pour l’enfant, il est important qu’il puisse le choisir et l’investir. 

 

Un enfant peut-il avoir plusieurs objets transitionnels ?  

Par expériencenous pensons que l’enfant peut avoir un objet transitionnel différent en fonction des endroits dans lesquels il se trouve. Certains enfants peuvent avoir un doudou auquel ils sont attachés à la crèche, qu’ils ne ramènent pas à la maison le soir. Cet objet est choisi et investi par l’enfant lors de l’accueil au quotidien. À la maison il peut en avoir choisi un autre.  

Nous pensons que l’enfant à une capacité d’adaptation qui lui permet d’avoir différents objets transitionnels en fonction du lieu et des personnes avec lesquels il se trouve. Entre la crèche et la maison, l’enfant va rencontrer des situations diverses et variées au quotidien. De plus, il n’aura pas forcément les mêmes besoins s’il se trouve avec ses parents ou bien avec des professionnel.les qui l’accompagnent.  

 

Que peut-on considérer comme étant un objet transitionnel ? 

Dans la journée du jeune enfant, les transitions sont nombreuses. Il s’agit par exemple de passer du temps d’expérimentation à son rangement, du repas au temps de repos, de la maison à la voiture etc… 

Cet objet peut être aussi bien un jouet que l’enfant investit, une tétine, son pouce, ses doigts, un doudou, un foulard avec l’odeur du parent, un livre… 

Toute « chose » qui va aider l’enfant à franchir une étape ou passer d’un état à un autre. 

 

Quelle est sa fonction pour l’enfant ? Quel intérêt pour lui ? 

Lors de la séparation avec ses parents  

Un objet transitionnel est un objet qui rassure l’enfant en l’absence de ses parents. Il est alors un intermédiaire lors de la séparation quotidienne. Une manière pour lui de se représenter l’absence maternelle et d’effectuer la transition avec les objets et les personnes extérieures.  

 Il permet une continuité « psychique » pour l’enfant. Les parents étant absents il ne peut plus se référer à une continuité physique avec l’un d’entre eux. Lors de la séparation, il va alors se les représenter à travers un objet auquel il va s’attacher et qui lui rappelle ses parents. 

Lors des changements de lieux et de temps dans la vie quotidienne de l’enfant  

L’objet transitionnel intervient aussi pour rassurer le tout-petit lors d’un changement de lieu ou lors d’un temps de transition entre deux moments de la journée qui peut l’insécuriser (exemple : le repas et la sieste). 

L’objet transitionnel va permettre à l’enfant de se créer un espace intermédiaire. Il répond à ses besoins de sécurité affective tout au long de la journée, de le rassurer, le réconforter. 

Plus l’enfant va se sentir en sécurité et plus celui-ci va être tenté d’explorer l’espace, les jeux. Il sera alors davantage dans la communication et dans la motricité tout en étant rassuré et accompagné.  

 

Est-il possible qu’un enfant n’ait pas d’objet transitionnel ? 

Il est possible que certains enfants se sentent rassurés autrement. Parfois, l’objet transitionnel type comme un doudou ou une tétine ne se voit pas. Nous parlons alors d’une aire transitionnelle, d’un espace transitionnel que l’enfant se créeIl peut s’agir d’un espace ou d’une personne en particulier.  Celle-ci devient alors une attache, une référence qui favorise la transition pour l’enfant.  

Pour certains enfants, ça peut-être la répétition d’un aménagement de l’espace chaque matin avec des jeux qu’il retrouve au même endroit. Pour d’autres, ça peut être une comptine, un temps de regroupement pour se dire bonjour. Chaque enfant construit son sentiment de sécurité de la manière dont il le souhaite. L’objet transitionnel n’est alors pas obligatoire, c’est au tout petit de choisir s’il en éprouve le besoin ou non. Parfois, on ne le voit pas mais cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas, il est simplement propre à chaque enfant.  

 

Un objet transitionnel doit-il être à disposition de l’enfant ?  

Il est récurrent d’entendre que l’objet transitionnel doit rester dans le lit et que celui-ci n’est utile que pour la sieste. Nous pensons qu’il est important que l’enfant puisse se saisir de cet objet lorsqu’il en ressent le besoin. Plus il pourra y avoir accès à son souhait, plus il sera rassuré et donc en sécurité affective. Cette même sécurité lui permettra d’aller explorer l’environnement qui l’entoure et de se « séparer » de cet objet plus facilement. C’est un véritable cercle vertueux.  

Une observation concrète permet de refléter nos propos. Guillaume, 2 ans ne souhaite pas retirer la tétine de sa bouche. Les tétines sont habituellement rangées dans une boîte hors de la portée des enfants pour éviter qu’ils les aient à disposition. En effet, nous avions peur que cela nuise au développement du langage. 

Nous nous sommes donc interrogés en équipe sur l’option de lui laisser sa tétine à disposition. Ne serait-il pas plus facile pour lui de s’en séparer s’il savait qu’il peut la retrouver quand il veut ? Devoir demander l’autorisation à l’adulte, pour avoir un objet qui est le sien, ne nuit-il pas à son autonomie ? Ce questionnement est identique pour le doudou ou tout autre objet transitionnel. 

Nous avons finalement convenu de laisser les tétines et doudous à disposition. En même temps, nous proposons à l’enfant de pouvoir le déposer dans un endroit où il pourra facilement le retrouver s’il en a besoin. 

 

Jusqu’à quel âge ? 

Tout comme l’enfant choisit son objet transitionnel, c’est également lui qui fait le choix de ne plus en avoirEn règle générale, le tout petit abandonne cet objet entre 3 et 5 ans. Période à laquelle : 

  • Le langage est suffisamment développé pour exprimer ses émotions ;
  • L’enfant a davantage confiance en lui ;
  • Son développement social (copains, activités extérieurs) lui permet de moins ressentir le besoin de réconfort de l’objet transitionnel. 

Il est tout de même possible d’observer que par moment l’enfant a besoin de retrouver un objet transitionnel (déménagementarrivée d’un nouveau-né dans une famille ou tout autre évènement inhabituel pour l’enfant). Lui laisser la possibilité d’avoir recours à son doudou ou sa tétine, c’est lui permettre de se sécuriser affectivement à nouveauPassée cette période, il pourra une nouvelle fois s’en séparer 

 

Conclusion 

Il est important pour les adultes qui accompagnent les enfants au quotidien d’observer leur comportement. En crèche, l’observation est un outil indispensable pour les équipes. Elle va permettre de repérer l’objet ou l’aire transitionnelle que chaque enfant affectionne à la crèche et ainsi favoriser son sentiment de sécurité.  

 

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